Œuvres complètes, tome III, Rousseau (1964) ‖ p. 429 ‖ Derrida's Margins

Œuvres complètes, tome III, Rousseau (1964) ‖ p. 429 ‖ Derrida's Margins

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paresse et d’argent ils ont enfin des soldatspour asservir
la patriemet desreprésenrans pour la vendre.
' C’es’c le tracas du commerce let des arts, c’esr l’avide
intérét du gain, c’est la molesse et l’amour des comodités,
qui changent les services personnels en argent. On cede
une partie de son proﬁt pour l’augmenter a son aise.
Donnez de l’argent, et bientét vous aurez des fers. Ce
mot de ﬁmme est un mot d’esclave; il eS‘t inconnu dans
la Citél. Dans un Etat vraiment libre les citoy’ens font
tout avec leurs bras et rien avec de l’argent : Loin de
payer pour s’exempter de leurs devoirs, ils payeroient
pour les remplir euX-mémes. Je suis bien loin des idées
communes; je crois les corvées moins contraires a la
liberté que les taxesz.
Mieux l’Etat est constitue’, plus les affaires publiques
l’emportent sur les privées dans l’esprit des Citoyens. 11
y a meme beaucoup moins d’aHaires privées, parce que la
somme du bonheur commun fournissant une portion
plus considerable a celui de chaque individu, il lui en
reé‘te moins a chercher dans les soins particuliers. Dans
une cité bien conduite chacun vole auX assemblées ; sous
un mauvais Gouvernement nul n’aime a faire un pas
pour s’y' rendre; parce que nul ne prend intérét a ce qui
s’y fait, qu’on prévoit que la volonté générale n’y do-
minera pas, et qu’enfin les soins domeé’ciques absorbent
tout. Les bonnes loiX en font faire de meilleures, les mau-
vaises en amenent de pires. Sitot que quelqu’un dit des
affaires de l’Etat, gm m’imporz‘e? on doit compter que
l’Etat eé’c perdu.
L’attiedissement de l’amour de la patrie, l’a&ivité de
l’intérét privé, l’immensité des Etats, ,les conquétes,
l’abus du Gouvernement ont fait imaginer la voye des
Députés ou Réprésentans du peuple dans les assemblées
de la Nation. C’eél ce qu’en certains pays on ose appeller
le Tiers—Etat. Ainsi rimérétparticulierwde deux 0rdres 6ST
mis au premier et aui ‘secondw rang, l’infé'r‘é‘t public n’est
qu’au troisieme.
La .Souverainete’ ne peut étre réprésentée, par la
meme raison qu’elle ne peut étre aliénée; elle consisre
essenciellement dans la volonte’ géne’rale, et la volonté ne
se ré.prroé;§§11§§rpoint : elle es”: la meme, ou elle esrl-“aﬁ'fre;
il n’y a point de milieu. Les deputés du peuple ne sont
donc ni ne peuvent étre ses réprésentans, ils ne sont que

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des soldats pour asservir la patrie et des représentans pour la vendre

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Ainsi l'intérêt particulier de deux ordres est mis au premier et au second rang, l'intérêt public n''est qu'au troisième.

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la volonté ne se représente point