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doi:10.34770/yw3y-ze12
Œuvres complètes, tome III, Rousseau (1964) ‖ p. 147 ‖ Derrida's Margins Skip to annotations
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Page text (OCR generated): PREMIERE PARTIE I47 les réunissent Eu lieu que dans cet état primitif, n’ayant ni Maison (a), ni Cabanesl, ni propriéte’ d’aucune espe'ce, chacun se logeoit au hazard, etksouvent pour une seule nuit; les males, et les femelles s’unissoient fortuitement. selon la rencontre, l’occasion, et le desir, sans que la parole fut un interpréte fort nécessaire des choses qu’ils avoient a se dire : lls se quittoient avec la meme facilité; (Xll.*) La mere allaitoit d’abord ses Enfans pour son propre besoin; puis l’habitude les lui ayant rendus cher_s, elle les nourrissoit ensuite pour le leur; sitot qu’fi's avoient 1a force de chercher leur pature, ils ne tardoient pas a quitter la Mere elle meme; Et comme i1 n’y avoit presque point d’autre moyen de se retrouver que de ne pas se perdre ( 19 ) de Vfie, ils en étoient bientot au point de ne pas meme se reconnoitre les uns les autres. Remar- quez encore que l’Enfant ayant tous ses besoins a expli- quer, et par consequent plus de choses a dire a la Mere, que la Mere a l’Enfant, c’est lui qui doit faire les plus grands fraiX de l’invention, et que la langue qu’il employe doit étre en grande partie son propre ouvragezg ce qui multiplie autant les Langues qu’il y a d’individus pour les parler, a quoi contribue encore-~-~~latelyie errante, et vagabonde .qui ne laisse a aucunidiome‘gle tems de prendre de la consistance; car de diéfe‘quela Mere diéte a l’Enfant les mots, dont i1 devra se servir pour lui demander telle, ou telle chose, cela montre bien comment on enseigne des Langues déja forme’es, mais cela n’apprend point comment elles se forment. Supposons cette premiere difficulté vaincue : Fran- chissons pour un moment l’espace immense qui dut se trouver entre le pur état de Nature et le besoin des Langues; et cherchons, en les supposant nécessaires, (XIII.*) comment elles purent commencer a s’établir. Nouvelle difliculté pire encore que la précédente; car si les Ho mmes onteubes oin , dellal parolepour..apprvenglwre a penser, ilsWont.meumbienplusbesoin encore de savoir penser,..p.ourtr_ouver l’art d6 la par0'1e3; et‘ quan’d on comprenclroit commentles sons de la voiX ont été pris pour les interprétes conventionnels de nos idées, i1 res- teroit toujours a scavoir quels ont pu étre les interprétes memes de cette convention pour les idées qui, n’ayant point un objet sensible, ne pouvoient s’indiquer ni par le geste, ni par la voiX, de sorte qu’a peine peut-on for-
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au lieu que dans cet état primitif, n'ayant ni Maison (a), ni Cabanes, ni propriété d'aucune espèce

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chers

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si les Hommes ont eu besoin de la parole pour apprendre à penser, ils ont eu bien plus besoin encore de savoir penser pour trouver l'art de la parole

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