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doi:10.34770/yw3y-ze12
Œuvres complètes, tome III, Rousseau (1964) ‖ p. 152 ‖ Derrida's Margins Skip to annotations
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Page text (OCR generated): 152 SUR L’ORIGINE DE L’INEGALITE l’avoir prouvé, qu’il n’efit pu, qu’apres bien des Siécles, avoir le désir, et l’occasion d’en sortir, ce seroit un Pro— ces a faire a la Nature, et non a celui qu’elle auroit ainsi conStitué; Mais, si j’entends bien ce terme de miserable, c’est un mot qui n’a aucun sens, ou qui ne signifie qu’une privation douloureuse et la souf’france du Corps ou de l’arne : Or je voudrois bien qu’on m’expliquat quel peut étre 1e genre de misére d’un étre libre . dont le coeur g4 ammmaafif e3t en ang et le corps en sante Jeiiernande laquelle, de la vie” ivile ou naturelle, esr la plus sujette a devenir insupportable a ceuX qui en jou'issent P Nous ne voyons presque autour de nous que des Gens qui se plaignent de leur existence; plusieurs memes qui s’en privent autant qu’il eét en euX, et la reunion des LoiX divine et humaine suflit a peine pour arréter ce desordre : Je demande si jamais on a ou'1' dire qu’un Sauvage en liberté ait seulement songé a se plaindre de la vie et a se donner la mort P Qu’on juge done avec rnoins d’orgueil de quel coté eSt la veritable rnisére. Rien au contraire n’efit été si miserable que l’homme Sauvage, ébloui par des lumleres, tourmenté par des Passmns, et raisonflnant sur un état different du sienl. Ce fut par unewlj’rwovidence tres sage, que les facultés qu’ilavog; en pgissance ne w devoient se de’velopper qu’avec les ocmns e les exercer, afin qu’elles ne lui fussent ni superflues et a charge avant le terns, ni tardives, et inutiles au besoin. Il avoit dans le seul instinét tout ce qu’il lui falloit pour vivre dans l’état de Nature, il n’a dans une raison cultivée que ce qu’il lui faut pour vivre en socie’té. Il paroit d’abord que les hornrnes dans cet état n’ayant entre euX aucune sorte de relation morale, ni de devoirs connus, ne pouvoient étre ni bons ni méchans, et n’avoient ni vices ni vertus, a moins que, prenant ces mots dans un sens physique, on n’appelle vices dans l’individu, les qualités qui peuvent nuire a sa propre conservation, et vertus celles qui peuvent y contribuer; auquel cas i1 faudroit appeller le plus vertueuX, celui qui résiSteroit le moins auX simples impulsions de la Nature2 : Mais sans nous écarter du sens ordinaire, i1 eSt a propos de suspendre le jugement, que nous pour— rions porter sur une telle situation, perfovde nous defier de nos Préjugés, jusqu’a ce que, la}, Balancewala, main, on 1WMMWLWM’ ait examine s’il y a plus de vertus“ qufwfie viéEs parmi
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Or je voudrois bien qu'on m'expliquât quel peut être le genre de misère d'un être libre, dont le cœur est en paix, et le corps en santé.

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Rien au contraire n'eût été si misérable que l'homme Sauvage, ébloui par des lumières, tourmenté par des Passions, et raisonnant sur un état différent au sien. Ce fut par une Providence très sage, que les facultés qu'il avoit en puissance ne devoient se développer qu'avec les occasions de les exercer

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