Œuvres complètes, tome III, Rousseau (1964) ‖ p. 143 ‖ Derrida's Margins

$Page text (OCR generated): PREMIERE PARTIE 1* 1’élever ensuite fort au—dessus de celle la, commencera donc par les fonétions purement animales1 : (X.*) ap— percevoir et sentir sera son premier état, qui lui sera commun avec tous les animaux. Vouloir et ne pas vouloir, désirer et craindre, seront les premieres, et presque les seules operations de son ame, jusqu’a ce que de nouvelles circonstances y causent de nouveaux cléveloppemens. @oiqu’en disent les Moraliétes, l’e‘ntendement humain doit beaucoup auX Passions, qui, d’un*communaveu§ \«‘.,g s5»:~‘1,,- lui doiventi' beaucoiip” auss12 : C’est par leur act1v1te,qi”1e notre raison se perfeétionne; Nous ne cherchons a connoitre, que parce que nous desirons cle jouir, et il n’est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n’auroit ni desirs ni craintes se donneroit la peine de raisonner. Les “Bassions, a leur tour, tirent leur origine de nosmins, et leur progres de nos connoissances; car on ne peutw desirer ou craindre les choses, que sur les idées qu’on en peut avoir, ou par la simple impulsion de la Nature; et l’homme Sauvage, privé de toute sorte de lumiéres, n’éprouve que les Passions de cette derniére espéce; Ses desirs ne passent pas ses besoins Physiques; (XI.*) Les seuls biens qu’il connoisse dans l’Univers, sont la nouriture, une femelle, et le repos; les seuls mauX qu’il craigne, sont la douleur, et la faim; Je dis la douleur, et non la mort; car jamais l’animal ne saura ce que c’eét que mourir, et la connoissance de la mort, et de ses terreurs, est une des premieres acquisitions que l’homme ait faites, en s’éloignant de la condition animale3. 11 me seroit aisé, si cela m’étoit necessaire, d’appuier ce sentiment par les faits, et de faire voir, que chez toutes les Nations du monde, les progres de l’Esprit se sont précisement proportionnés aux besoins, que les Peuples avoient recus de la Nature, Ou auxquels les Circonsrances les avoient assujetis, et par consequent auX passions, qui les portoient a pourvoir a ces besoins. Je montrerois en Egypte les arts naissans, et s’étendant avec les débor- demens du Nil; Je suivrois leur progres chez les Grecs, ou l’on les Vit germer, croitre, et s’e’lever jusqu’aux CieuX parmi les Sables, et les Rochers de l’Attique, sans pouvoir prendre racine sur les Bords fertiles de l’Euro— tas; Je remarquerois qu’en ge’néral les Peuples du Nord ‘4» t,$

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l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi:

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Œuvres complètes, tome III

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