Du Contrat social : ou Principes du droit politique. Discours sur les sciences et les arts 3 Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes / Lettre à M. D'Alembert / Considérations sur le gouvernement de Pologne / Lettre à Monseigneur de Beaumont, Archevêque de Paris, Rousseau (1954) ‖ p. 204 ‖ Derrida's Margins

Du Contrat social : ou Principes du droit politique. Discours sur les sciences et les arts 3 Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes / Lettre à M. D'Alembert / Considérations sur le gouvernement de Pologne / Lettre à Monseigneur de Beaumont, Archevêque de Paris

Rousseau, Jean-Jacques

1954

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Insertions

pp. 112-113 Insertion A verso pp. 112-113 Insertion A recto pp. 236-237 Insertion A verso pp. 236-237 Insertion A recto

Page text (OCR generated): 204 J.-J. ROUSSEAU
pas. pour des d’Alembert. ll faut m’expliquer d’une ,autre maniére.
Suivons les indications de la nature, consultons le bien de la
société : nous trouverons que les deux sexes doivent se rassembler
quelquefois, et vivre ordinairement séparés. J e l’ui dit tantot par
rapport aux femmes, je le dis maintenant par rapport aux hommes.
Ils se sentent autant et plus qu’elles de leur trop intime commerce :
elles n’y perdent que leurs moeurs, et nous y perdons a la, fois nos
moeurs et notrewsﬂmm car ce sexe plus foible, hors d’étut
de prendre notre maniére de vivre, trop pénible pour lui, nous force
de prendre la sienne, trop molle pour nous; et ne voulant. plus souf-
frir de separation, faute de pouvoir se rendre hommes, les femmes
nous rendent femmes.
Cet inconvenient, qui degrade l’homme, est ‘trés grand partout;
ma‘is c’est surtout dans les Etats comme le notre qu’il importe de
le prévenir. Qu’un monarque gouverne des hommes ou des iemmes,
cela lui doit étre assez indifferent, pourvu qu’il soit obéi; mais
dans une république i1 iuut des hommesl.
Les anciens passoient presque ‘leur vie en plein air, on vaquant it
leurs affaires, ou réglant celles de I’Etat sur la place pu‘blique, on se
promenant a la campagne, dams des jardins, an bord de la mer, 51,121.
pluie, au soleil, et presque toujours tete nuez. A tout cela. point de
femmes; mais on savoit 'bien les trouver an besoin, et nous 'ne
voyons point per leurs écrits et par les échantillons de leurs conver~
sations qui nous restent, que l’esprit, ni le gout, ni l’amour meme,
perdissent rien é. cette reserve. Pour nous, nous avons pris des
maniéres toutes contraires; lz’ichement dévoués aux volontés du
sexe que nous devrions protéger et non servir, nous avons appris
e. 1e mépriser en lui obéissant, a l’outrager par nos soins railleurs;
1. On me dira qu’il en'faut aux rois pour la guerre. Point du tout. Au lien de
trente mille hommes, ils n’ont, par exemple, qu’é lever cent mille femmes. Les
femmes ne manquent pas de courage : elles préférent l’honneur a la Vie : quund
elles se battent, elles se battent bien. L’inconvénient de leur sexe est de ne pou—
voir supporter les fatigues de la guerre ct 1’intempérie des saisons. Le secret est
done d’en avoir toujours 1e triple de ce qu’il en faut pour se battre, aﬁn de sacriﬁer
les deux entree tiers aux maladies et a la mortalité.
' ‘ Qui croiroit que cette plaisanterie, dent on voit assez l’application, ait été prise
en France on pied de la. lettre par des gens d’esprit?
2. Apres la bataille gagnée. par Cambyse sur Psamménite, on distinguoit parmi
les morts les Egyptians, qui avoient toujours la. téte nue, a l’extréme dureté de
leurs cranes: au lieu que les Perses, toujours coiffés de leurs grosses tiares, avoient
les cranes si tendres, qu’on les brisoit sans effort. Hérodote lui-meme fut, long-
temps apres, témoin de cette différence‘.
' Hérodote, liv. III, ch. XI. Cite aussi par Montaigne, liv. I, ch. XXXV. (Elm)

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