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-381 1967
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1944 1991

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Nos gestes [à nous, Européens] ne signifient rien que notre inquiétude naturelle ; ce n'est pas de ceux-là que je veux parler. Il n'y a que les Européens qui gesticulent en parlant : on dirait que toute la force de leur langue est dans leurs bras ; ils y ajoutent encore celle des poumons, et tout cela ne leur sert guère. Quand un Franc s'est bien démené, s'est bien tourmenté le corps à dire beaucoup de paroles, un Turc ôte un moment la pipe de sa bouche, dit deux mots à demi voix, et l'écrase d'une sentence ». (Ici le Turc n'est plus, comme sa langue, du Nord, mais de l'Orient. Nous sommes à la fois du Nord et de l'Occident.)

Cited in De la grammatologie p.323

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Depuis que nous avons appris à gesticuler, nous avons oublié l'art des pantomimes, par la même raison qu'avec beaucoup de belles grammaires nous n'entendons plus les symboles des Egyptiens. Ce que les anciens disaient le plus vivement, ils ne l'exprimaient pas par des mots, mais par des signes ; ils ne le disaient pas, ils le montraient. »

Cited in De la grammatologie p.323

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Plus l'écriture est grossière, plus la langue est antique. La première manière d'écrire n'est pas de peindre les sons, mais les objets mêmes, soit directement, comme faisaient les Mexicains, soit par des figures allégoriques, comme firent autrefois les Egyptiens. Cet état répond à la langue passionnée, et suppose déjà quelque société et des besoins que les passions ont fait naître. » ...« La peinture des objets convient aux peuples sauvages. »

Cited in De la grammatologie p.323

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Ouvrez l'histoire ancienne ; vous la trouverez pleine de ces manières d'argumenter aux yeux, et jamais elles ne manquent d'offrir un effet plus assuré que tous les discours qu'on aurait pu mettre à la place. L'objet offert avant de parler, ébranle l'imagination, excite la curiosité, tient l'esprit en suspens et dans l'attente de ce qu'on va dire. J'ai remarqué que les Italiens et les Provençaux, chez qui pour l'ordinaire le geste précède le discours, trouvent ainsi le moyen de se faire mieux écouter, et même avec plus de plaisir. Mais le langage le plus énergique est celui où le signe a tout dit avant qu'on parle. Tarquin, Thrasybule abattant les têtes des pavots, Alexandre appliquant son cachet sur la bouche de son favori, Diogène se promenant devant Zenon, ne parlaient-ils pas mieux qu'avec des mots ? Quel circuit de paroles eût aussi bien exprimé les mêmes idées ? » (Nous soulignons.)

Cited in De la grammatologie p.324

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Un autre moyen de comparer les langues et de juger de leur ancienneté se tire de l'écriture, et cela en raison inverse de la perfection de cet art. »

Cited in De la grammatologie p.325

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Émile ou de l'éducation

Jean-Jacques Rousseau

1966

« Darius, engagé dans la Scythie avec son armée, reçoit de la part du roi des Scythes une grenouille, un oiseau, une souris, et cinq flèches : le héraut remet son présent en silence et part. Cette terrible harangue fut entendue, et Darius n'eut plus grande hâte que de regagner son pays comme il put. Substituez une lettre [c'est-à-dire une écriture phonétique] à ces signes : plus elle sera menaçante, moins elle effraiera ; ce ne sera plus qu'une gasconnade dont Darius n'aurait fait que rire. » Et après une autre série d'exemples bibliques ou grecs, « Ainsi l'on parle aux yeux bien mieux qu'aux oreilles. Il n'y a personne qui ne sente la vérité du jugement d'Horace à cet égard. On voit même que les discours les plus éloquents sont ceux où l'on enchâsse le plus d'images ; et les sons n'ont jamais plus d'énergie que quand ils font l'effet des couleurs ». (Nous soulignons.)

Cited in De la grammatologie p.326

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

Cela sera plus loin confirmé lorsque l'écriture hiéroglyphique sera définie une « langue passionnée ». Et pourtant, si « les sons n'ont jamais plus d'énergie que quand ils font l'effet des couleurs », ce n'est pas la couleur ou l'espace en eux qui s'adresse à la passion. Rousseau renverse alors brusquement l'ordre de la démonstration : seule la parole a pouvoir d'exprimer ou d'exciter la passion.

Cited in De la grammatologie p.327

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Mais lorsqu'il est question d'émouvoir le cœur et d'enflammer les passions, c'est tout autre chose. L'impression successive du discours, qui frappe à coups redoublés, vous donne bien une autre émotion que la présence de l'objet même, où d'un coup d'oeil vous avez tout vu. Supposez une situation de douleur parfaitement connue ; en voyant la personne affligée vous serez difficilement ému jusqu'à pleurer : mais laissez-lui le temps de vous dire tout ce qu'elle sent, et bientôt vous allez fondre en larmes. Ce n'est qu'ainsi que les scènes de tragédie font leur effet . La seule pantomime sans discours vous laissera presque tranquille ; le discours sans geste vous arrachera des pleurs. Les passions ont leur gestes mais elles ont aussi leurs accents : et ces accents qui nous font tressaillir, ces accents auxquels on ne peut dérober son organe, pénètrent par lui jusqu'au fond du cœur, y portent malgré nous les mouvements qui les arrachent, et nous font sentir ce que nous entendons. Concluons que les signes visibles rendent l'imitation plus exacte, mais que l'intérêt s'excite mieux par les sons. * J'ai dit ailleurs pourquoi les malheurs feints nous touchent bien plus que les véritables*. Tel sanglote à la tragédie, qui n'eut de ses jours pitié d'aucun malheureux. L'invention du théâtre est admirable pour enorgueillir notre amour-propre de toutes les vertus que nous n'avons point. »

Cited in De la grammatologie p.327

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

Mais ma passivité et ma passion sont tout offertes aux « accents auxquels on ne peut dérober son organe », qui « pénètrent par lui jusqu'au fond du cœur, y portent malgré nous les mouvements qui les arrachent ».

Cited in De la grammatologie p.328

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« L'impression successive du discours qui frappe-à coups redoublés, vous donne bien une autre émotion que la présence de l'objet même... J'ai dit ailleurs pourquoi les malheurs feints nous touchent bien plus que les véritables... ».

Cited in De la grammatologie p.328

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Ceci me fait penser que si nous n'avions jamais eu que des besoins physiques, nous aurions fort bien pu ne parler jamais, et nous entendre parfaitement par la seule langue du geste. Nous aurions pu établir des sociétés peu différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui, ou qui même auraient mieux marché à leur but. Nous aurions pu instituer des lois, choisir des chefs, inventer des arts, établir le commerce, et faire, en un mot, presque autant de choses que nous en faisons par le secours de la parole. La langue épistolaire des salams transmet, sans crainte des jaloux, les secrets de la galanterie orientale à travers les harems les mieux gardés. Les muets du Grand-Seigneur s'entendent entre eux, et entendent tout ce qu'on leur dit par signes, tout aussi bien qu'on peut le dire par le discours. »

Cited in De la grammatologie p.329

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Il paraît encore par les mêmes observations que l'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication, que d'une faculté propre à l'homme, qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d'autres à la même fin. Donnez à l'homme une organisation tout aussi grossière qu'il vous plaira : sans doute il acquerra moins d'idées ; mais pourvu seulement qu'il y ait entre lui et ses semblables quelque moyen de communication par lequel l'un puisse agir et l'autre sentir, ils parviendront à se communiquer enfin tout autant d'idées qu'ils en auront. Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d'eux n'en a fait cet usage. Voilà, ce me semble, une différence bien caractéristique. Ceux d'entre eux qui travaillent et vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles, ont quelque langue naturelle pour s'entre-communiquer, je n'en fais aucun doute. Il y a même lieu de croire que la langue des castors et celle des fourmis sont dans le geste et parlent seulement aux yeux. Quoi qu'il en soit, par cela même que les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant : ils les ont tous et partout la même ; ils n'en changent point, ils n'y font pas le moindre progrès. La langue de convention n'appartient qu'à l'homme. »

Cited in De la grammatologie p.329

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« les simples sons qui sortent naturellement du gosier » (Essai, IV) ne font pas une langue parce que l'articulation n'y a pas encore joué.

Cited in De la grammatologie p.331

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Les voix naturelles sont inarticulées » (Essai IV).

Cited in De la grammatologie p.331

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Essai sur l'origine des langues

Jean-Jacques Rousseau

1817

« Comme les voix naturelles sont inarticulées, les mots auraient peu d'articulations ; quelques consonnes interposées, effaçant l'hiatus des voyelles, suffiraient pour les rendre coulantes et faciles à prononcer. En revanche, les sons seraient très-variés, et la diversité des accents multiplierait les mêmes voix ; la quantité, le rythme, seraient de nouvelles sources de combinaisons ; en sorte que les voix, les sons, l'accent, le nombre, qui sont de la nature, laissant peu de chose à faire aux articulations, qui sont de conventions, l'on chanterait au lieu de parler ; la plupart des mots radicaux seraient des sons imitatifs ou de l'accent des passions, ou de l'effet des objets sensibles : l'onomatopée s'y ferait sentir continuellement. Cette langue aurait beaucoup de synonymes pour exprimer le même être par ses différents rapports ; elle aurait peu d'adverbes et de mots abstraits pour exprimer ces mêmes rapports. Elle aurait beaucoup d'augmentatifs, de diminutifs, de mots composés, de particules explétives pour donner de la cadence aux périodes et de la rondeur aux phrases ; elle aurait beaucoup d'irrégularités et d'anomalies ; elle négligerait l'analogie grammaticale pour s'attacher à l'euphonie, au nombre, à l'harmonie, et à la beauté des sons. Au lieu d'arguments elle aurait des sentences ; elle persuaderait sans convaincre, et peindrait sans raisonner. » Puis voici, comme d'habitude, la référence à Tailleurs et à l'archéologique : « elle ressemblerait à la langue chinoise à certains égards, à la grecque à d'autres. Etendez ces idées dans toutes leurs branches, et vous trouverez que le Cratyle de Platon n'est pas si ridicule qu'il paraît être. * « On dit que l'arabe a plus de mille mots différents pour dire un chameau, plus de cent pour dire un glaive*, etc. »

Cited in De la grammatologie p.332