Rêveries du promeneur solitaire in Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
pp. 1092-1093
« Mais bientôt ennuyé de vider ma bourse pour faire écraser les gens, je laissai là la bonne compagnie et je fus me promener seul dans la foire. La variété des objets m'amusa longtemps. J'aperçus entre autre cinq ou six Savoyards autour d'une petite fille qui avait encore sur son inventaire une douzaine de chétives pommes dont elle aurait bien voulu se débarrasser. Les Savoyards de leur côté auraient bien voulu l'en débarrasser mais ils n'avaient que deux ou trois liards à eux tous et ce n'était pas de quoi faire une grande brèche aux pommes. Cet inventaire était pour eux le jardin des Hespérides, et la petite fille était le dragon qui le gardait. Cette comédie m'amusa longtemps ; j'en fis enfin le dénouement en payant les pommes à la petite fille et en les lui faisant distribuer aux petits garçons. J'eus alors un des plus doux spectacles qui puissent flatter un cœur d'homme, celui de voir la joie unie avec l'innocence de l'âge se répandre autour de moi. Car les spectateurs mêmes en la voyant la partagèrent, et moi qui partageais à si bon marché cette joie, j'avais de plus celle de sentir qu'elle était mon ouvrage. »
Cited in De la grammatologie p.158
Essai sur l'origine des langues
1817
« Ces trois manières d'écrire répondent assez exactement aux trois divers états sous lesquels on peut considérer les hommes rassemblés en nation. La peinture des objets convient aux peuples sauvages ; les signes des mots et des propositions, aux peuples barbares ; et l'alphabet aux peuples policés. »
Cited in De la grammatologie p.161
Tristes Tropiques
1955
p. 350
« … Si l'Occident a produit des ethnographes, c'est qu'un bien puissant remords devait le tourmenter » (« Un petit verre de rhum », Tristes tropiques, ch. 38).
Cited in De la grammatologie p.163
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes in Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
p. 156
« C'est la raison qui engendre l'amour-propre, et c'est la réflexion qui le fortifie ; c'est elle qui replie l'homme sur lui-même ; c'est elle qui le sépare de tout ce qui le gêne et l'afflige. C'est la philosophie qui l'isole ; c'est par elle qu'il dit en secret, à l'aspect d'un homme souffrant : "Péris si tu veux ; je suis en sûreté". »
Cited in De la grammatologie p.164
Encyclopédie
1751
À propos de Diderot, notons au passage que la séverité de son jugement sur l'écriture et le livre ne le cédait en rien à celle de Rousseau. L'article livre dont il fut l'auteur, dans l'Encyclopédie, est un réquisitoire d'une grande violence.
Cited in De la grammatologie p.165
Jean-Jacques Rousseau, fondateur des sciences de l'homme
1962
p. 242
Dans la Conférence de Genève, Lévi-Strauss croit pouvoir opposer simplement Rousseau aux philosophes qui prennent leur « point de départ dans le cogito » (p. 242).
Cited in De la grammatologie p.168
Anthropologie structurale
1958
p. 365
Cette lettre n'a jamais été publiée par la Nouvelle Critique. On peut la lire dans Anthropologie Structurale, p. 365.
Cited in De la grammatologie p.170
Entretiens avec Claude Lévi-Strauss
1961
pp. 28-29
Sur ce thème du hasard, présent dans Race et histoire (pp. 256-271) et dans La pensée sauvage, cf. surtout les Entretiens (pp. 28-29) : en développant longuement l'image du joueur à la roulette, Lévi-Strauss explique que la combinaison complexe qui constitue la civilisation occidentale, avec son type d'historicité déterminée par l'usage de l'écriture, aurait très bien pu se faire dès les débuts de l'humanité, elle aurait pu se faire beaucoup plus tard, elle s'est faite à ce moment, « il n'y a pas de raison, c'est ainsi. Mais vous me direz : "Ce n'est pas satisfaisant." » Ce hasard est déterminé aussitôt après comme « acquisition de l'écriture ». C'est là une hypothèse à laquelle Lévi-Strauss reconnaît ne pas tenir mais dont il dit qu'il « faut d'abord l'avoir présent à l'esprit ». Même s'il n'implique pas la croyance au hasard (cf. La pensée sauvage, p. 22 et p. 291), un certain structuralisme doit l'invoquer pour rapporter entre elles les spécificités absolues des totalités structurelles. Nous verrons comment cette nécessité s'est aussi imposée à Rousseau.
Cited in De la grammatologie p.171
La pensée sauvage
1962
Sur ce thème du hasard, présent dans Race et histoire (pp. 256-271) et dans La pensée sauvage, cf. surtout les Entretiens (pp. 28-29) : en développant longuement l'image du joueur à la roulette, Lévi-Strauss explique que la combinaison complexe qui constitue la civilisation occidentale, avec son type d'historicité déterminée par l'usage de l'écriture, aurait très bien pu se faire dès les débuts de l'humanité, elle aurait pu se faire beaucoup plus tard, elle s'est faite à ce moment, « il n'y a pas de raison, c'est ainsi. Mais vous me direz : "Ce n'est pas satisfaisant." » Ce hasard est déterminé aussitôt après comme « acquisition de l'écriture ». C'est là une hypothèse à laquelle Lévi-Strauss reconnaît ne pas tenir mais dont il dit qu'il « faut d'abord l'avoir présent à l'esprit ». Même s'il n'implique pas la croyance au hasard (cf. La pensée sauvage, p. 22 et p. 291), un certain structuralisme doit l'invoquer pour rapporter entre elles les spécificités absolues des totalités structurelles. Nous verrons comment cette nécessité s'est aussi imposée à Rousseau.
Cited in De la grammatologie p.171
La pensée sauvage
1962
p. 22
Sur ce thème du hasard, présent dans Race et histoire (pp. 256-271) et dans La pensée sauvage, cf. surtout les Entretiens (pp. 28-29) : en développant longuement l'image du joueur à la roulette, Lévi-Strauss explique que la combinaison complexe qui constitue la civilisation occidentale, avec son type d'historicité déterminée par l'usage de l'écriture, aurait très bien pu se faire dès les débuts de l'humanité, elle aurait pu se faire beaucoup plus tard, elle s'est faite à ce moment, « il n'y a pas de raison, c'est ainsi. Mais vous me direz : "Ce n'est pas satisfaisant." » Ce hasard est déterminé aussitôt après comme « acquisition de l'écriture ». C'est là une hypothèse à laquelle Lévi-Strauss reconnaît ne pas tenir mais dont il dit qu'il « faut d'abord l'avoir présent à l'esprit ». Même s'il n'implique pas la croyance au hasard (cf. La pensée sauvage, p. 22 et p. 291), un certain structuralisme doit l'invoquer pour rapporter entre elles les spécificités absolues des totalités structurelles. Nous verrons comment cette nécessité s'est aussi imposée à Rousseau.
Cited in De la grammatologie p.171
La pensée sauvage
1962
p. 291
Sur ce thème du hasard, présent dans Race et histoire (pp. 256-271) et dans La pensée sauvage, cf. surtout les Entretiens (pp. 28-29) : en développant longuement l'image du joueur à la roulette, Lévi-Strauss explique que la combinaison complexe qui constitue la civilisation occidentale, avec son type d'historicité déterminée par l'usage de l'écriture, aurait très bien pu se faire dès les débuts de l'humanité, elle aurait pu se faire beaucoup plus tard, elle s'est faite à ce moment, « il n'y a pas de raison, c'est ainsi. Mais vous me direz : "Ce n'est pas satisfaisant." » Ce hasard est déterminé aussitôt après comme « acquisition de l'écriture ». C'est là une hypothèse à laquelle Lévi-Strauss reconnaît ne pas tenir mais dont il dit qu'il « faut d'abord l'avoir présent à l'esprit ». Même s'il n'implique pas la croyance au hasard (cf. La pensée sauvage, p. 22 et p. 291), un certain structuralisme doit l'invoquer pour rapporter entre elles les spécificités absolues des totalités structurelles. Nous verrons comment cette nécessité s'est aussi imposée à Rousseau.
Cited in De la grammatologie p.171
Race et histoire
1952
pp. 256-271
Sur ce thème du hasard, présent dans Race et histoire (pp. 256-271) et dans La pensée sauvage, cf. surtout les Entretiens (pp. 28-29) : en développant longuement l'image du joueur à la roulette, Lévi-Strauss explique que la combinaison complexe qui constitue la civilisation occidentale, avec son type d'historicité déterminée par l'usage de l'écriture, aurait très bien pu se faire dès les débuts de l'humanité, elle aurait pu se faire beaucoup plus tard, elle s'est faite à ce moment, « il n'y a pas de raison, c'est ainsi. Mais vous me direz : "Ce n'est pas satisfaisant." » Ce hasard est déterminé aussitôt après comme « acquisition de l'écriture ». C'est là une hypothèse à laquelle Lévi-Strauss reconnaît ne pas tenir mais dont il dit qu'il « faut d'abord l'avoir présent à l'esprit ». Même s'il n'implique pas la croyance au hasard (cf. La pensée sauvage, p. 22 et p. 291), un certain structuralisme doit l'invoquer pour rapporter entre elles les spécificités absolues des totalités structurelles. Nous verrons comment cette nécessité s'est aussi imposée à Rousseau.
Cited in De la grammatologie p.171
La vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara
1948
p. 3
« Il est superflu de souligner qu'on ne trouvera ici une étude exhaustive de la vie et de la société Nambikwara. Nous n'avons pu partager l'existence des indigènes que pendant la période nomade, et cela seul suffirait à limiter la portée de notre enquête. Un voyage entrepris pendant la période sédentaire apporterait sans doute des informations capitales et permettrait de rectifier la perspective d'ensemble. Nous espérons pouvoir l'entreprendre un jour » (p. 3).
Cited in De la grammatologie p.174
Anthropologie structurale
1958
p. 33
Histoire et ethnologie (R.M.M., 1949 et Anthropologie structurale, p. 33) : « L'ethnologue s'intéresse surtout à ce qui n'est pas écrit, non pas tant parce que les peuples qu'il étudie sont incapables d'écrire, que parce que ce à quoi il s'intéresse est différent de tout ce que les hommes songent habituellement à fixer sur la pierre ou sur le papier. »
Cited in De la grammatologie p.181
La pensée sauvage
1962
p. 22
Rappelant, dans « Un petit verre de rhum », que, « au néolithique, l'homme a déjà fait la plupart des inventions qui sont indispensables pour assurer sa sécurité. On a vu pourquoi on peut en exclure l'écriture », Lévi-Strauss note que l'homme d'alors n'était certes « pas plus libre qu'aujourd'hui. » « Mais sa seule humanité faisait de lui un esclave. Comme son autorité sur la nature restait très résuite, il se trouvait protégé et dans une certaine mesure affranchi par le coussin amortisseur de ses rêves. » Cf. aussi le thème du « paradoxe néolithique » dans La pensée sauvage (p. 22)
Cited in De la grammatologie p.181
Tristes Tropiques
1955
p. 352
Rappelant, dans « Un petit verre de rhum », que, « au néolithique, l'homme a déjà fait la plupart des inventions qui sont indispensables pour assurer sa sécurité. On a vu pourquoi on peut en exclure l'écriture », Lévi-Strauss note que l'homme d'alors n'était certes « pas plus libre qu'aujourd'hui. » « Mais sa seule humanité faisait de lui un esclave. Comme son autorité sur la nature restait très résuite, il se trouvait protégé et dans une certaine mesure affranchi par le coussin amortisseur de ses rêves. » Cf. aussi le thème du « paradoxe néolithique » dans La pensée sauvage (p. 22)
Cited in De la grammatologie p.181