Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
1964
p. 40
Cependant si mon goût ne me préserva pas des livres plats et fades, mon bonheur me préserva des livres obscenes et licencieux ; non que la Tribu, femme à tous égards très accommodante, se fit un scrupule de m'en prêter. Mais pour les faire valoir elle me les nommoit avec un air de mystère qui me forçoit précisément à les refuser, tant par dégout que par honte, et le hasard seconda si bien mon humeur pudique, que j'avois plus de trente ans avant que j'eusse jetté les yeux sur aucun des ces dangereux livres qu'une belle Dame de par le monde trouve incommodes, en ce qu'on ne peut, dit-elle, les lire que d'une main.