La littérature européenne et le Moyen Âge latin
1956
Cited in De la grammatologie
p.26 p.26Overview Images
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p. 476![Page text (OCR generated): 47 6 LA LITTERATURE ET LE MOYEN AGE LATIN
etc). Le poete-savant ( downs poeta chez les Remains) est
le type ideal. La culture devient livresque, elle vit dans et
par la tradition. C’est pourquoi le livre acquiert au sein
de l’hellé‘nisme une valeur nouvelle et plus haute. ll en
sera ainsi pendant 1a periode impériale et la périocle
byzantine, 'A Rome egalement, la pacification de l’Em—
pire par Auguste avait frayé la voie a une evolution
similaire. « Les armes dormaient -—- écrit Eduard Nor-
den -—- et les tempétes de la guerre s’étaient tues. Hermes
et les Muses, protégés par l’Empereur et les Grands,
pouvaient faire leur entree dans la cité. Et ce n’était pas
par resignation, avec le sentiment de sacrifier des valeurs
supérieures, que l’on cultivait les sciences, au contraire,
elles devenaient un, but en soi, ce qu’elles n’avaient
jamais été dans les Etats libres, tant grecs que romains.
Autrefois, les proteCteurs de Cicéron avaient reproché a
cet homme qui s’était acquis une si grande reconnais-
sance de la part de l’Etat, de gaspiller ses forces en
enseignant 1a rhétorique aux jeunes gens ; désorrnais, de
tels reproches ne s’élévent plus ; bien au contraire, les
occupations littéraires ennoblissent et donnent droit ——
du moins a la fin de la peri’ode impériale —— a l’avance-
ment dans le service de l’Etat. La situation était donc
tout a fait renversée... Que tout‘ccl-a—cmrespondit au
sentiment—general, c’est ce que nous montre le fait
suivant : en l’année 269, Dexippos avait, grace a son
grand courage personnel et a son génie stratégique,
sauvé Athénes, sa Ville natale, des hordes germaniques ;
ses enfants composerent pour lui une épitaphe en vers
qui nous a été conserVée et dans laquelle il est unique-
ment glorifié comme rhetor et syngrapheus; son action
.héroi‘que, dont i1 se promettait, lui-meme « une gloire
éternelle » n’y est meme pas mentionnée d’un seul mot ».
C’est en somme l’inverse de l’épitaphe qu’Eschyle avait
composée pour lui-meme et 01‘] i1 ne voulait immortaliser
que sa participation :21 la bataille de Marathon, non sa
gloire de poete.
Je voudrais rendre encore plus évidente 1a nouvelle
valeur accordée au livre, a l’aide de la celebre collection
lyrique connue sous le nom d’Anthologie grecque, et qui
présente surtout des muvres qui vont de l’époque des
premiers Ptolemées jusqu’au VIC ,siecle apres J.-C. La
composition poetique est devenue un travail de bureau](/library/curtius-la-litterature-europeenne-et-le-moyen-age-latin-1956/gallery/images/p-476/large/)
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