Leibniz critique de Descartes, Belaval (1960) ‖ [73] ‖ Derrida's Margins

Leibniz critique de Descartes

Belaval, Yvon

1960

Cited in De la grammatologie

p.112 p.112

Overview Images

Front cover Inside front cover

Annotated pages

[71] p. 68 [73]

Page text (OCR generated): LA CRITIQUE DES QUATRE PRﬁCEP'TES , 189.,
méme chose. Avec Hobbes il soutient l’importance des
noms et des caractéres dont la combinaison est liée a tout
raisonnement : contre lui, par la double théorie de 1’ « expres-
sion » et de la deﬁnition réelle, i1 distingue mot et concept,
i1 prouve que la Vérité ne dépend pas des noms. Avec Des-
cartes, contre Hobbes, i1 refuse de réduire l’intellectuel au
verbal : contre Descartes, il ne place pas la nécessité ration-
(‘sible et du compossible, et il étendl’usage de la Caract‘éris—
K tique du quantitatif au qu’alitatif.~
P
V!‘
15
Si l’on passe de la deﬁnition aux axiomes, bien entendu,
c’est la méme evidence qui, pour Descartes, garantit l’idée
vraie et les notions communes, tandis que, pour Leibniz,
c’est la méme formalité qui démontre possible le déﬁni et
qui s’applique auX axiomes.
Les axiomes, pour Descartes, sont des vérite's éternelles 1;
ce serait donc parler de Dieu comme d’un Jupiter ou d’un
Saturne, que de nier qu’il aurait pu les créer diﬁérentes.
Cette exclusion du monde intelligible signiﬁe que, conﬁants
en la véracite' divine, nous devons nous en tenir a nos idées,
les considérer comme il faut, et, dans chaque cas, constater
ce qu’elles nous apprennent. Rien de moins formaliste que
cette attitude. Au surplus, ne l’oublions pas, Descartes
garde pour modele l’évidence, non critiquée, des Elements
d’Euclide, partie la plus concrete des mathématiques, et des
mathématiques relativement plus simples que celles dont
s’occupera Leibniz. Enﬁn, on notera que le but, sans cesse
proclamé, de Descartes est de devenir << plus savant >>, ce qui,
le rend beaucoup plus sensible a la découverte qu’a la for-
malite’; de la demonstration. A quoi bon de’ﬁnir, a la maniere
de l’Ecole, la ﬁgure, la grandeur, 1e mouvement, le lieu,
etc.? Ce serait introduire des diﬂicultés en paroles, ou il
n’y en a point en effet : cela ne nous apprendrait rien. A quoi
bon formuler a la maniere de I’Ecole impossibile est idem
simul 6333 et mm 8356 et vouloir y re’cluire toutes les autres
propositions? Voila « qui est de bien peu d’importance, et
ne nous rend de rien plus savants » et c’est assez qu’un pre-
mier principe « puisse servir a... trouver plusieurs » prop0~
sitions 2. Au reste, il y a un si grand nombre de ve'rités pre-
I. A Barman, A. T. V, p. 167. _ p
2. A Clerselier, juin-juillct 1646, A. T; IV, 1). .444,
nelle clans l’évidence des ide’es, mais dans la forme du pos- '
“my“.
a

line marginal mark Permalink

line marginal mark Permalink