Les principes de grammaire générale
1928
p. 118
La grammaire est indépendante de la sémantique et de la phonologie (p. 118).
Cited in De la grammatologie p.80
Essais linguistiques
1959
p. 77
« Une valeur économique est par définition une valeur à double face : non seulement elle joue le rôle de constante vis-à-vis des unités concrètes de l'argent, mais elle joue aussi elle-même le rôle des variables vis-à-vis d'une quantité fixée de la marchandise qui lui sert d'étalon. En linguistique au contraire il n'y a rien qui corresponde à l'étalon. C'est pourquoi le jeu d'échecs et non le fait économique reste pour F. de Saussure l'image la plus fidèle d'une grammaire. Le schéma de la langue est en dernière analyse un jeu et rien de plus. »
Cited in De la grammatologie p.81
Prolegomena to a Theory of Language
1963
pp. 103-104
Hjelmslev critique l'idée d'un langage naturellement lié à la substance d'expression phonique. C'est à tort que l'on a jusqu'ici « supposé que la substance-expression d'un langage parlé devait consister exclusivement en "sons" ». « Ainsi, comme l'ont fait en particulier remarquer E. et K. Zwirner, on n'a pas tenu compte du fait que le discours est accompagné, que certaines composantes du discours peuvent être remplacées par le geste, et qu'en réalité, comme le disent E. et K. Zwirner, ce ne sont pas seulement les prétendus organes de la parole (gorge, bouche et nez) qui participent à l’activité du langage "naturel" mais presque tout l'ensemble des muscles striés. En outre, il est possible de remplacer la substance habituelle des gestes-et-sons par toute autre substance appropriée dans d'autres circonstances extérieures. Ainsi la même forme linguistique peut aussi être manifestée dans l'écriture, comme cela se produit dans la notation phonétique ou phonématique et dans les orthographes dites phonétiques, comme par exemple le danois. Voilà une substance "graphique" qui s'adresse exclusivement à l'œil et qui n'exige pas d'être transposée en "substance" phonétique pour être saisie ou comprise. Et cette "substance" graphique peut être, précisément du point de vue de la substance, de différentes sortes. »
Cited in De la grammatologie p.81
Speech and Writing
1938
p. 11
« Cela est d'autant plus curieux lorsque nous considérons que les conséquences pratiques en ont été largement tirées, en ont même été tirées des milliers d'années avant Saussure, car c'est seulement grâce au concept de la différence entre forme et substance que nous pouvons expliquer la possibilité, pour le langage et l'écriture, d'exister en même temps comme expressions d'un seul et même langage. Si l'une de ces deux substances, le flux de l'air ou le flux de l'encre (the stream of air or the stream of ink), était une partie intégrante du langage lui-même, il ne serait pas possible de passer de l'une à l'autre sans changer le langage. »
Cited in De la grammatologie p.82
Prolegomena to a Theory of Language
1963
p. 103
« En outre, on ne sait jamais en toute certitude ce qui est dérivé et ce qui ne l'est pas ; nous ne devons pas oublier que la découverte de l'écriture alphabétique est cachée dans la préhistoire (B. Russell a tout à fait raison d'attirer notre attention sur le fait que nous n'avons aucun moyen de décider si la plus ancienne forme de l'expression humaine est écriture ou parole), si bien que l'affirmation selon laquelle elle repose sur une analyse phonétique ne constitue que l'une des hypothèses diachroniques ; elle aurait pu aussi bien reposer sur une analyse formelle de la structure linguistique. Mais en tout cas, comme le reconnaît la linguistique moderne, les considérations diachroniques ne sont pas pertinentes pour la description synchronique » (pp. 104-105).
Cited in De la grammatologie p.82
Speech and Writing
1938
Tout en regrettant aussi que « la substance de l'encre n'ait pas eu droit, de la part des linguistes, à l'attention qu'ils ont prodiguée à la substance de l'air », H. J. Uldall délimite cette problématique et souligne l'indépendance mutuelle des substances d'expression.
Cited in De la grammatologie p.83
Prolegomena to a Theory of Language
1963
p. 105
Hjelmslev reconnaît qu'une « analyse de l'écriture ne tenant pas compte du son n'a pas encore été entreprise » (p. 105).
Cited in De la grammatologie p.83
Prolegomena to a Theory of Language
1963
p. 14
Ainsi, par exemple, l'expérience dont « la théorie, dit Hjelmslev, doit être indépendante » n'est pas le tout de l'expérience.
Cited in De la grammatologie p.86
Prolegomena to a Theory of Language
1963
« Sans cela, le progrès décisif accompli par un formalisme respectueux de l'originalité de son objet, du « système immanent de ses objets », est guetté par l'objectivisme scientiste.
Cited in De la grammatologie p.86
Cours de linguistique générale
1960
p. 98
On sait que Saussure distingue entre l'« image acoustique » et le son objectif (p. 98).
Cited in De la grammatologie p.89
Cours de linguistique générale
1960
p. 98
Or l'« image acoustique », l'apparaître structuré du son, la « matière sensible » vécue et informée par la différance, ce que Husserl appellerait la structure hylè/morphè, distincte de toute réalité mondaine, Saussure la nomme « image psychique » : « Cette dernière [l'image acoustique] n'est pas le son matériel, chose purement physique, mais l'empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; elle est sensorielle, et s'il nous arrive de l'appeler « matérielle », c'est seulement dans ce sens et par opposition à l'autre terme de l'association, le concept, généralement plus abstrait » (p. 98).
Cited in De la grammatologie p.89
Essais de linguistique générale
1963
p. 111
« Selon la plus ancienne de ces conceptions, qui remonte à Baudouin de Courtenay mais n'est pas encore morte, le phonème est un son imaginé ou intentionnel, qui s'oppose au son effectivement émis comme un phénomène "psychophonétique" au fait "physiophonétique". C'est l'équivalent psychique d'un son intériorisé. »
Cited in De la grammatologie p.89
Essais linguistiques
1959
1° qu'on peut la conserver sans qu'il soit nécessaire d'affirmer que « le langage intérieur se réduit aux traits distinctifs à l'exclusion des traits configuratifs ou redondants »
Cited in De la grammatologie p.90
Essais de linguistique générale
1963
p. 112
Il est donc indispensable de sauver la distinction entre le son apparaissant et l'apparaître du son pour éviter la pire mais la plus courante des confusions ; et il est en principe possible de le faire sans « vouloir surmonter l'antinomie entre invariance et variabilité en attribuant la première à l'expérience interne et la seconde à l'expérience externe » (Jakobson, op. cit, p. 112).
Cited in De la grammatologie p.91
Cours de linguistique générale
1960
p. 26
« La question de l'appareil vocal est donc secondaire dans le problème du langage. Une certaine définition de ce qu'on appelle langage articulé pourrait confirmer cette idée. En latin, articulus signifie « membre, partie, subdivision dans une suite de choses » ; en matière de langage, l'articulation peut désigner ou bien la subdivision de la chaîne parlée en syllabes, ou bien la subdivision de la chaîne des significations en unités significatives… En s'attachant à cette seconde définition, on pourrait dire que ce n'est pas le langage parlé qui est naturel à l'homme, mais la faculté de constituer une langue, c'est-à-dire un système de signes distincts correspondant à des idées distinctes » (p. 26. Nous soulignons).
Cited in De la grammatologie p.92
Cours de linguistique générale
1960
p. 169
C'est parce que « la langue est une forme et non une substance » (p. 169) que, paradoxalement, l'activité de la parole peut et doit toujours y puiser.
Cited in De la grammatologie p.95