Cours de linguistique générale
1960
p. 57
« Y a-t-il lieu de substituer un alphabet phonologique à l'orthographe usuelle ? Cette question intéressante ne peut être qu'effleurée ici ; selon nous l'écriture phonologique doit rester au service des seuls linguistes. D'abord, comment faire adopter un système uniforme aux Anglais, aux Allemands, aux Français, etc. ? En outre, un alphabet applicable à toutes les langues risquerait d'être encombré de signes diacritiques ; et sans parler de l'aspect désolant que présenterait une page d'un texte pareil, il est évident qu'à force de préciser, cette écriture obscurcirait ce qu'elle veut éclaircir, et embrouillerait le lecteur. Ces inconvénients ne seraient pas compensés par des avantages suffisants. En dehors de la science, l'exactitude phonologique n'est pas très désirable » (p. 57).
Cited in De la grammatologie p.56
Phèdre
1938
p. 288
Déclaration de principe, vœu pieux et violence historique d'une parole rêvant sa pleine présence à soi, se vivant comme sa propre résumption : soi-disant langage, auto-production de la parole dite vive, capable, disait Socrate, de se proter assistance à elle-même, logos qui croit être à lui-même son propre père, s'élevant ainsi au-dessus du discours écrit, infans et infirme de ne pouvoir répondre quand on l'interroge et qui, ayant « toujours besoin de l'assistance de son père » (τοῦ πατρὸς ἀεῖ δεῖται βοηθοῦ – Phèdre 275 d) doit donc être né d'une coupure et d'une expatriation premières, le vouant à l'errance, à l'aveuglement et au deuil.
Cited in De la grammatologie p.57
Phaedrus in Le Banquet / Phèdre
1964
p. 166
Déclaration de principe, vœu pieux et violence historique d'une parole rêvant sa pleine présence à soi, se vivant comme sa propre résumption : soi-disant langage, auto-production de la parole dite vive, capable, disait Socrate, de se proter assistance à elle-même, logos qui croit être à lui-même son propre père, s'élevant ainsi au-dessus du discours écrit, infans et infirme de ne pouvoir répondre quand on l'interroge et qui, ayant « toujours besoin de l'assistance de son père » (τοῦ πατρὸς ἀεῖ δεῖται βοηθοῦ – Phèdre 275 d) doit donc être né d'une coupure et d'une expatriation premières, le vouant à l'errance, à l'aveuglement et au deuil.
Cited in De la grammatologie p.57
Phaedrus in Le Banquet / Phèdre
1964
Soi-disant langage mais parole leurrée de se croire toute vive, et violente de n'être « capable de se défendre » (δυνατὸς μὲν ἀμῦναι ἑαυτῷ) qu'en chassant l'autre et d'abord son autre, le précipitant dehors et en bas sous le nom d'écriture.
Cited in De la grammatologie p.57
Phèdre
1961
p. 89
Déclaration de principe, vœu pieux et violence historique d'une parole rêvant sa pleine présence à soi, se vivant comme sa propre résumption : soi-disant langage, auto-production de la parole dite vive, capable, disait Socrate, de se proter assistance à elle-même, logos qui croit être à lui-même son propre père, s'élevant ainsi au-dessus du discours écrit, infans et infirme de ne pouvoir répondre quand on l'interroge et qui, ayant « toujours besoin de l'assistance de son père » (τοῦ πατρὸς ἀεῖ δεῖται βοηθοῦ – Phèdre 275 d) doit donc être né d'une coupure et d'une expatriation premières, le vouant à l'errance, à l'aveuglement et au deuil.
Cited in De la grammatologie p.57
Cours de linguistique générale
1960
p. 33
« C'est au psychologue à déterminer la place exacte de la sémiologie » (p. 33).
Cited in De la grammatologie p.58
Cours de linguistique générale
1960
p. 46
Expliquer l'usurpation par le pouvoir de durée de l'écriture, par la vertu de dureté de la substance d'écriture, n'est-ce pas contredire en outre ce qui est ailleurs affirmé de la tradition orale de la langue qui serait « indépendante de l'écriture et bien autrement fixe » (p. 46) ?
Cited in De la grammatologie p.58
Cours de linguistique générale
1960
p. 45
« La langue est indépendante de l'écriture » (p. 45), telle est la vérité de la nature.
Cited in De la grammatologie p.59
Cours de linguistique générale
1960
pp. 53-54
« Mais la tyrannie de la lettre va encore plus loin : à force de s'imposer à la masse, elle influe sur la langue et la modifie. Cela n'arrive que dans les idiomes très littéraires, où le document écrit joue un rôle considérable. Alors l'image visuelle arrive à créer des prononciations vicieuses ; c'est là proprement un fait pathologique. Cela se voit souvent en français. Ainsi pour le nom de famille Lefèvre (du latin faber), il y avait deux graphies, l'une populaire et simple, Lefèvre, l'autre savant et étymologique, Lefebvre. Grâce à la confusion de v et u dans l'ancienne écriture, Lefebvre a été lu Lefébure, avec un b qui n'a jamais existé réellement dans le mot, et un u provenant d'une équivoque. Or maintenant cette forme est réellement prononcée » (pp. 53-54).
Cited in De la grammatologie p.59
Cours de linguistique générale
1960
Elle nous explique que ce n'est pas là un « jeu naturel » et son accent est pessimiste : « Il est probable que ces déformations deviendront toujours plus fréquentes, et que l'on prononcera de plus en plus de lettres inutiles. »
Cited in De la grammatologie p.60
Cours de linguistique générale
1960
Comme chez Rousseau et dans le même contexte, la capitale est accusée : « À Paris, on dit déjà : sept femmes en faisant sonner le t. »
Cited in De la grammatologie p.60
Cours de linguistique générale
1960
p. 54
« Darmesteter prévoit le jour où l'on prononcera même les deux lettres finales de vingt, véritable monstruosité orthographique. Ces déformations phoniques appartiennent bien à la langue, seulement elles ne résultent pas de son jeu naturel ; elles sont dues à un facteur qui lui est étranger. La linguistique doit les mettre en observation dans un compartiment spécial : ce sont des cas tératologiques » (p. 54. Nous soulignons).
Cited in De la grammatologie p.60
Cours de linguistique générale
1960
p. 49
Il en va de même pour l'explication selon laquelle « chez la plupart des individus les impressions visuelles sont plus nettes et plus durables que les impressions acoustiques » (p. 49).
Cited in De la grammatologie p.60
Cours de linguistique générale
1960
p. 21
Elle contredit enfin et surtout l'affirmation capitale selon laquelle « l'essentiel de la langue est étrangère au caractère phonique du signe linguistique » (p. 21).
Cited in De la grammatologie p.61
Cours de linguistique générale
1960
p. 23
C'est ce logocentrisme qui, limitant par une mauvaise abstraction le système interne de la langue en général, empêche Saussure et la plupart de ses successeurs de déterminer pleinement et explicitement ce qu a nom « l'objet intégral et concret de la linguistique » (p. 23).
Cited in De la grammatologie p.62