Essai sur l'origine des langues
1817
Essai : « Les premiers hommes furent chasseurs ou bergers, et non pas laboureurs ; les premiers biens furent des troupeaux, et non pas des champs. Avant que la propriété de la terre fût partagée, nul ne pensait à la cultiver. L'agriculture est un art qui demande des instruments ». (Ch. IX.)
Cited in De la grammatologie p.344
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes in Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
p. 173
Discours : « L'invention des autres arts fut donc nécessaire pour forcer le Genre-humain de s'appliquer à celui de l'agriculture » (p. 173).
Cited in De la grammatologie p.344
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes in Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
p. 146
Bien qu'il aiguise davantage la césure entre l'état de pure nature et l'état de la société naissante, le Discours n'en multiplie pas moins les allusions « aux peines inconcevables et au temps infini qu'a dû coûter la première invention des Langues » (p. 146), au « temps qui s'écoule », au « progrès presque insensible des commencements » ;
Cited in De la grammatologie p.346
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes in Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
p. 167
« car plus les événements étaient lents à se succéder, plus ils sont prompts à décrire ». (p. 167. Remarque que Voltaire avait jugée « ridicule ». Voir la note de l'éditeur dans la « Pléiade ».)
Cited in De la grammatologie p.346
Essai sur l'origine des langues
1817
Rousseau précise en note : « Il est inconcevable à quel point l'homme est naturellement paresseux. On dirait qu'il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile ; à peine peut-il se résoudre à se donner les mouvements nécessaires pour s'empêcher de mourir de faim. Rien ne maintient tant les sauvages dans l'amour de leur état que cette délicieuse indolence. Les passions qui rendent l'homme inquiet, prévoyant, actif, ne naissent que dans la société. Ne rien faire est la première et plus forte passion de l'homme après celle de se conserver. Si l'on y regardait bien, l'on verrait que, même parmi nous, c'est pour parvenir au repos que chacun travaille, c'est encore la paresse qui nous rend laborieux. »
Cited in De la grammatologie p.347
Essai sur l'origine des langues
1817
« La terre nourrit les hommes ; mais quand les premiers besoins les ont dispersés, d'autres besoins les rassemblent, et c'est alors seulement qu'ils parlent et font parler d'eux. Pour ne pas me trouver en contradiction avec moi-même, il faut me laisser le temps de m'expliquer. »
Cited in De la grammatologie p.353
Essai sur l'origine des langues
1817
Essai : « Les révolutions des saisons sont une autre cause plus générale et plus permanente, qui dut produire le même effet dans les climats exposés à cette variété. »
Cited in De la grammatologie p.353
Fragments Politiques in Oeuvres complètes de J.-J. Rousseau, vol. I
p. 531
Fragment sur les climats : « Une autre diversité qui multiplie et combine la précédente est celle des saisons. Leur succession, portant alternativement plusieurs climats en un seul, accoutume les hommes qui l'habitent à leurs impressions diverses, et les rend capables de passer et de vivre dans tous les pays dont la température se fait sentir dans le leur », (p. 531).
Cited in De la grammatologie p.353
Émile ou de l'éducation
1966
On comparera cette description de la fête à celle de la Lettre à d'Alembert et, plus précisément en ce qui touche au temps, à celle de l'Emile. « Nous serions nos valets pour être nos maîtres, chacun serait servi par tous ; le temps passerait sans le compter » (p. 440).
Cited in De la grammatologie p.355
Émile ou de l'éducation
1966
Tant que l'inceste est permis, il n'y a pas d'inceste, bien sûr, mais il n'y a pas davantage de passion amoureuse. Les rapports sexuels se limitent aux besoins de la reproduction ; ou bien ils n'existent pas du tout : c'est la situation de l'enfant selon l'Emile. Mais Rousseau dirait-il des rapports de l'enfant avec sa mère ce qu'il dit ici de ses rapports avec sa sœur ? Il est vrai que la mère est bien absente de l'Emile. « L'enfant élevé selon son âge est seul. Il ne connaît d'attachements que ceux de l'habitude ; il aime sa sœur comme sa montre, et son ami comme son chien. Il ne se sent d'aucun sexe, d'aucune espèce : l'homme et la femme lui sont également étrangers. » (p. 256).
Cited in De la grammatologie p.357
Essai sur l'origine des langues
1817
« Il m'est venu bien souvent dans l'esprit de douter, non seulement qu'Homère sût écrire, mais même qu'on écrivît de son temps. J'ai grand regret que ce doute soit si formellement démenti par l'histoire de Bellérophon dans l'Iliade. » Occupé ensuite à dénier la portée, voire l'authenticité de l'épisode de Bellérophon, Rousseau ne prête aucune attention à son sens : que le seul trait d'écriture fût chez Homère une lettre de mort. Bellérophon porte sur lui, sans le savoir, l'inscription de son arrêt de mort.
Cited in De la grammatologie p.363
Essai sur l'origine des langues
1817
Dans une chaîne sans fin de représentations, le désir porte la mort par le détour de l'écriture. « La femme de Proetos, la divine Antée, avait conçu un désir furieux de s'unir à lui [Bellérophon, fils de Glaucus] dans des amours furtives. »
Cited in De la grammatologie p.363
Essai sur l'origine des langues
1817
N'y parvenant point, elle menace son mari : « Je te voue à la mort, Proetos, si tu ne tues Bellérophon, qui voulait s'unir d'amour à moi, malgré moi. »
Cited in De la grammatologie p.363
Essai sur l'origine des langues
1817
Le roi, représentant le désir d'Antée, n'ose tuer de sa main. Il ose écrire et différant le meurtre, il trace de sa main, « sur des tablettes repliées en elles-mêmes » des « traits meurtriers ». Il envoie Bellérophon en Lycie, lui confiant ces « signes funestes ». A la lecture de ce message, illisible pour Bellérophon, le beau-père de Proetos, régnant sur la Lycie, devra comprendre qu'il s'agit de mettre à mort le porteur des « traits ». A son tour, il diffère le meurtre, envoie Bellérophon s'exposer à la mort en tuant la Chimère invincible ou les fameux Solymes, il lui tend des embuscades.
Cited in De la grammatologie p.363
Essai sur l'origine des langues
1817
Rien n'y fait. Il finit par lui donner sa fille. Plus tard, Bellérophon cesse d'être aimé des dieux et il va seul, « errant par la plaine Akéienne, rongeant son cœur et fuyant la route des hommes ».
Cited in De la grammatologie p.363
Scienza Nuova in Oeuvres choisies de Vico
p. 174
Vico dit avoir compris l'origine des langues au moment où après bien des difficultés, il lui est apparu que les premières nations « avaient été des nations de poètes ; dans ces mêmes principes, nous reconnûmes alors la véritable origine des langues » (Scienza nuova, 1, p. 174).
Cited in De la grammatologie p.367